Le temps t'essore.

Il existe une machine à voyager dans le temps. Je vous assure. 

C'est la deuxième fois que je la pratique. Involontairement, ou plutôt inéluctablement.

Quand je me retrouve sans emploi, il y a ce moment du passé qui revient sur moi, par vagues, et l'écume est toujours aussi aigre, acide au fond du ventre.

C'est un voyage vers le passé, à chaque fois. Un retour à un état d'inexpérience et d'innocence sociale. D'ignorance moderne. Comme si je n'avais rien fait jusqu'ici, comme si je n'avais jamais travaillé, comme si je n'avais jamais été rémunéré pour un travail bien fait. Comme si je n'avais rien appris.

Il y a cette sensation de ne rien savoir faire, qui revient très vite, après la première vague de recherche, et bien après la deuxième vague de refus. Il y a ce temps plat, on je fais la planche au milieu de l'océan car mes bras ne trouve plus la force ni la confiance de brasser.

Je brasse du vent. Je ne peux pas me noyer, mais je ne sais plus ramer.

*

Je me demande si c'est ça le cercle vicieux de la recherche d'emploi. Ce besoin constant de se justifier, de devoir rappeler chaque mois que l'on a pas bougé, que l'on flotte toujours, que l'on a vainement échoué, chaque mois à période fixe.
C'est un gong qui résonne et qui fait vibrer les os. Si fort, intensément que l'on ne s'entend plus penser, qu'on ne s'entend plus. 

Tellement qu'on se croit plus capable de rien.

Il existe une machine qui te retourne ton estime loin derrière toi.

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