La compagnie Yoann Bourgeois : une prouesse onirique réussie.

Il ne m'aura fallut qu'une respiration et l'installation discrète de la pianiste à son instrument pour que je sois charmée. Tout commence avec un interlude musicale, tendre et sombre. Puis arrive, doucement, subtilement, comme un mirage, l'énorme boîte en bois. Une femme, minuscule à côté de cette boîte apparaît. Son jeu est enfantin, pas niais mais curieux. Et elle signe le début de la fuite du décor. Non pas vers le moins, mais vers le plus. Une destruction en chaîne créatrice de matière. C'est une goutte d'eau qui ondule à l'infini, de plus en plus large et de plus en plus mystérieuse. Elle est vite rejoint par un autre circassien. Ce couple se dispute, joue, dialogue, se construise et se détruise. Ici jeux de mains n'est plus jeux de vilains. C'est un jeu fin et malin qui chorégraphie un quotidien et les rires des spectateurs sont des aveux tendres et touchants.
Une voix off nous décrit l'imaginaire humain comme un système de formes qui se décomposent à l'infini. En écho, cette femme et cet homme démonte leurs décors, la boîte devient un escalier, qui devient lui même un trou, puis deux autres escaliers.


Tout tombe, tout disparaît, tout vole. L'art de la fugue prend tout son sens, une fuite poétique et sublime. Le couple s'étiole dans une grâce intense. Le temps ralentit l'instant d'un rebond. Les chutes multiples ne sont que des caresses. 
J'ai vécu un tendre rêve éveillé, et je n'avais pas assez de mains pour applaudir et remercier. 

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