"Je me suis réveillée face à ce monde, avant je ne l'étais pas. Nous ne nous sommes pas réveillées quand ils..." - The Handmaid's Tale, Dystopie d'une terre stérile
La série (futur ou déjà) phénomène est produite par Hulu et se découvre en 2017 sur les écrans américains et canadiens en VOD et sur nos écrans moins explicites depuis avril.
Il s'agit d'une adaptation du roman de Margaret Artwood, traduit par La Servante Ecarlate et qui a pour titre The Handmaid's Tale (ou Le Conte de la Servante).
Le choix de l'écarlate est tiré du roman fondateur de la littérature américaine de Nathaniel Hawthorne : La Lettre Ecarlate, où dans un village puritain la femme adultère porte un A cousu d'un rouge sang sur sa robe noire, à arborer en public. Une image de la vertu souillée.
Dans un futur proche, le monde trop pollué se stérilise, la mortalité infantile est au plus haut et les chances de concevoir s'amenuisent.
Les Etats-Unis ravagés par une catastrophe biologique rebaptisés La Nouvelle République de Gilead fait régner la loi martiale suite à des attaques terroristes, diminuant les droits de sa population jusqu'à l'avènement d'une doctrine religieuse divisant la population féminine en trois catégories de terrorisées :
Les Epouses, dominant la maisonnée (stériles et avilies par leur mari),
Les Martha déléguées aux tâches ménagères (utiles car douées en cuisine et au nettoyage),
et Les Servantes, les reproductrices (bénies de Dieu car fertiles, mais reléguée au simple rang de leurs organes, qui dans un monde masculiniste est peu cela va s'en dire).
Le reste de la population est affrétée aux Colonies, le tri des déchets toxiques, condamnée à y mourir.
L'histoire se concentre sur le personnage de June, renommée Defred (Offred en anglais), servante qui lutte contre l'enfermement à travers ses souvenirs qu'elle se remémore sans cesse. Nous découvrons ainsi la chute de notre monde, ses amies, sa famille, tandis que son quotidien de Servante rythme ses journées de solitude, de soumission et de terreur permanente.
On notera que toutes les servantes ont un nom commençant par Of illustrant à la fois leur désuétude sociale, car n'ayant aucune identité et leur appartenance en tant qu'object de famille "of Warren" "à Warren" la servante "De Warren". L'ironie étant qu'elles soient des machines à concevoir et qu'on attend d'elles qu'elles ne soient pas éteintes, donc off.
Il y a une réelle minutie dans la chorégraphie de la série.
- Elle travaille sa mise en scène idéologique de la chute des droits, de la stigmatisation des minorités (l'homosexualité majoritairement vu que les deux personnages secondaires principaux sont des lesbiennes), l'ensemble de la population n'est gérée que par sa faculté à produire (pas de mise en scène du racisme par exemple, même si l'héroïne est bien blanche, blonde et hétéro...).
- Les cadrages resserrés, les plans en plongée et contre-plongée réaffirmant la claustrophobie sociale omnisciente...
- Les débats en flash-back sont actuels et contemporains de ma propre vie (notamment la condescendance flagrante et inconsciente des hommes quand les femmes perdent peu à peu leurs droits).
- La Cérémonie mensuelle où l'Epouse maintient la Servante entre ses jambes est la représentation graphique de l'Utérus!
- La scène du jugement du violeur est d'une intelligence idéologique incroyable. On ne sait pourquoi il est jugé violeur, ni ce que le viol signifie dans cette société (sûrement plus affilié au vol de la propriété des épouses, qu'au consentement des servantes...). Il est exécuté par la rage des écarlates. Une catharsis archaïque et brutale.
- La société se maintient ainsi, faisant régner la terreur entre chacun de ses membres, ne sachant qui pourrait les dénoncer, tout le monde est un ennemi et chacun joue son rôle dans l'espoir de rester en vie. Il n'y a plus de viol si vous n'avez aucun choix, il n'y a plus d'amour sinon le besoin de produire la société, et pas d'y vivre. (La scène où Le Commandant démonte l'amour comme illusoire en utilisant l'exemple de l'homosexualité qui est interdite car c'est de l'amour qui contraint la reproduction est assez monstrueuse...) Destinée Biologique VS L'amour...
La série semble extrêmement référencée, assumant sa part dans la mythologie des dystopies :
- On se rappellera le film V for Vendetta qui sans doute a servi d'influence à l'esthétique colorée et contrastée.
- "Under His Eyes" (Sous Ses Yeux) formule évoquant la célèbre tirade de 1984 "Big Brother Watching You".
- Une scène d'Autodafé, clin d'oeil à Farenheit 451.
- Dans le passé, des petites filles s'amusent sur la terrasse d'un restaurant, le décor est d'un gris blanchâtre, elles portent des petits chaperons rouges, référence direct à la fille de Hester dans le roman d'Hawthorne. Egalement le conte de la petite fille qui voit le loup est un sous-entendu inévitable.
Les Epouses, dominant la maisonnée (stériles et avilies par leur mari),
Les Martha déléguées aux tâches ménagères (utiles car douées en cuisine et au nettoyage),
et Les Servantes, les reproductrices (bénies de Dieu car fertiles, mais reléguée au simple rang de leurs organes, qui dans un monde masculiniste est peu cela va s'en dire).
Le reste de la population est affrétée aux Colonies, le tri des déchets toxiques, condamnée à y mourir.
L'histoire se concentre sur le personnage de June, renommée Defred (Offred en anglais), servante qui lutte contre l'enfermement à travers ses souvenirs qu'elle se remémore sans cesse. Nous découvrons ainsi la chute de notre monde, ses amies, sa famille, tandis que son quotidien de Servante rythme ses journées de solitude, de soumission et de terreur permanente.
***
Mes analyses parce que j'adore ça.
(À PARTIR DE LÀ JE RENTRE PLUS DANS LES DÉTAILS
BE CAREFUL)
Mes analyses parce que j'adore ça.
(À PARTIR DE LÀ JE RENTRE PLUS DANS LES DÉTAILS
BE CAREFUL)
Il y a une réelle minutie dans la chorégraphie de la série.
- Elle travaille sa mise en scène idéologique de la chute des droits, de la stigmatisation des minorités (l'homosexualité majoritairement vu que les deux personnages secondaires principaux sont des lesbiennes), l'ensemble de la population n'est gérée que par sa faculté à produire (pas de mise en scène du racisme par exemple, même si l'héroïne est bien blanche, blonde et hétéro...).
- Les cadrages resserrés, les plans en plongée et contre-plongée réaffirmant la claustrophobie sociale omnisciente...
- Les débats en flash-back sont actuels et contemporains de ma propre vie (notamment la condescendance flagrante et inconsciente des hommes quand les femmes perdent peu à peu leurs droits).
- La Cérémonie mensuelle où l'Epouse maintient la Servante entre ses jambes est la représentation graphique de l'Utérus!
- La scène du jugement du violeur est d'une intelligence idéologique incroyable. On ne sait pourquoi il est jugé violeur, ni ce que le viol signifie dans cette société (sûrement plus affilié au vol de la propriété des épouses, qu'au consentement des servantes...). Il est exécuté par la rage des écarlates. Une catharsis archaïque et brutale.
- La société se maintient ainsi, faisant régner la terreur entre chacun de ses membres, ne sachant qui pourrait les dénoncer, tout le monde est un ennemi et chacun joue son rôle dans l'espoir de rester en vie. Il n'y a plus de viol si vous n'avez aucun choix, il n'y a plus d'amour sinon le besoin de produire la société, et pas d'y vivre. (La scène où Le Commandant démonte l'amour comme illusoire en utilisant l'exemple de l'homosexualité qui est interdite car c'est de l'amour qui contraint la reproduction est assez monstrueuse...) Destinée Biologique VS L'amour...
La série semble extrêmement référencée, assumant sa part dans la mythologie des dystopies :
- On se rappellera le film V for Vendetta qui sans doute a servi d'influence à l'esthétique colorée et contrastée.
- "Under His Eyes" (Sous Ses Yeux) formule évoquant la célèbre tirade de 1984 "Big Brother Watching You".
- Une scène d'Autodafé, clin d'oeil à Farenheit 451.
- Dans le passé, des petites filles s'amusent sur la terrasse d'un restaurant, le décor est d'un gris blanchâtre, elles portent des petits chaperons rouges, référence direct à la fille de Hester dans le roman d'Hawthorne. Egalement le conte de la petite fille qui voit le loup est un sous-entendu inévitable.
***
La série est virtuose,
dans sa conception filmique,
dans son choix esthétique,
jusque dans les B-O clôturant chaque épisode, l'ironie et le contraste dérangeant un peu plus chaque moralité de ce qui s'est déroulé sous vos yeux.
Nous rendant témoins, et ne nous laissant pas le choix d'être aveugle ou sourd aux événements actuels qui résonnent.
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