"La liberté est la plus grande des prisons". Vous avez une heure...

Un ami m'a balancé ce sujet via un réseau social. Je lui ai commenté d'un Arbeit Macht Frei un peu cinglant, parce que je revenais d'un voyage en Allemagne et que je travaillais sur mon oral de mise en scène (dont le sujet était la création donne - t - elle une forme de liberté). Comme quoi tout se recoupe.

Néanmoins ce sujet ne se traite pas à la légère, ni trop dans la gravité non plus. L'intitulé se suffit à lui-même.
Je vais essayer d'y répondre avec mon propre point de vue, et vous êtes invités à le commenter et/ou à en faire de même.

La liberté est la plus grande prison ... Faisons déjà remarquer le paradoxe de la phrase : La liberté peut se définir par l'absence de prisons. Et la prison est difficilement grande car l'enfermement doit restreindre un espace. Enfermer une minorité pour la dégager de la majorité.
Mais il n'en reste pas moins évident que plus notre espace est grand, moins nous en voyons les limites. L'horizon a beau nous sembler infini, il connaît une finitude en soi, le regard, et la terre est ronde ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de fin, seulement qu'elle peut être n'importe où.

Pourtant. Il n'y a pas de liberté sans prison comme il n'y a pas de blanc sans noir, il n'y a pas d'ombre sans lumière. Les concepts nous apparaissent et sont définis par des analogies, ou plutôt des oppositions. On définit le bien par rapport au mal, le visible par l'invisible etc...

Dans la création, on apprend que plus on est sous la contrainte plus on est productif. L'écriture libre est moins évidente et moins inspirée que si elle est soumise à des contraintes. Dans notre manière d'aborder la contrainte, notre choix est décuplé par les multiples possibilités que l'on voit apparaître.

La liberté est notre plus grande prison car notre désir d'être toujours plus libre nous pousse à chercher toujours plus loin. Cette quête de franchissement des limites est une obsession qui n'est ni plus ni moins qu'une soumission à un désir.
La liberté est par définition l'absence de murs, et ce sont les murs qui nous entourent qui nous permettent de nous structurer. A trop les chercher on s'enferme dans une envie infinie.

....



Pour autant, la prison n'a jamais libéré personne.  

Ici c'est bien aussi.

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" Pourquoi fuyons-nous la liberté ? Pourquoi, face à l'immensité des possibles, nous enfermons-nous le plus souvent dans un routine ? Pour être rassurés ? "

Cher Anonyme, Seb, :-)

Je ne sais pas si on peut parler d'une fuite de la liberté. Je formulerais plutôt cette manœuvre d'évitement comme la peur de l'inconnu (non pas l'étranger ou la xénophobie que la chère oreille, Q., signalait dans son commentaire), celle du vide. Pour garder l'idée de création, les murs qui structurent la création (synonyme possible d'un panel de choix) sont des références sur lesquelles nous nous appuyons. S'il n'y a plus de limites, ni de référence, le projet ne peut aboutir. Il s'étend sur la longueur infinie où x est impossible à déchiffrer autrement que par son caractère indéfinissable.
La routine est par définition le familier, le maîtrisé. Et du coup je pense que l'on revient à ma première réponse. (oui je tourne beaucoup en rond et j'aime m'appuyer sur des valeurs sûres que je connais).
Etre rassuré, ce n'est pas rien, c'est ne pas être complètement seul, isolé ou perdu. Devant cet infini, cet horizon sans fin qui n'apporte pas de réponse, seulement des questions.


Commentaires

  1. J'aime l'idée de ce blog, ou "Comment réfléchir en 3 leçon."^^


    "La liberté est la plus grande des prisons." Mais nous ne devrions peut-être pas traiter cette phrase comme une information, plutôt comme une question réthorique. La liberté peut elle être définie comme la plus grande des prisons?
    Par définition, la prison est signifié par une absence de liberté de mouvement et d'espace destiné à l'isolement d'une personne. Cette restriction est évoquée par des murs et plus ces murs sont proches, plus le manque d'espace se ressent.
    En approchant le problème sous un angle plus large, on peut accepter le fait que ces murs ne soient pas seulement physiques mais puissent exister sous la forme abstraite de barrière psychologique ou sociétale.
    En effet, dans la société actuelle, la liberté dont chacun pense jouir en ne se trouvant pas en prison n'est-elle pas une illusion qui ferait de cette liberté une prison plus subtile et plus sournoise qui délimiterais non seulement notre liberté de mouvements via des frontières, notre liberté de penser via des médias exerçant un conditionnement permanent, mais aussi notre liberté d'expression via une censure permanente sous couvert de "politiquement correct", plus communément appeler hypocrisie? Dans ce cas, quoi que nous fassions, qu'on soit "libre" ou pas, nous faisons tous parti d'une société qui emprisonne l'humanité dans son ensemble. La liberté, qui ne connais pas de limite physique, serait en effet la prison la plus grande qui soit. Chaque être étant de toute façon prisonnier d'un système sociétal.
    Mais le problème peut également être vu sous un autre angle car tout à une fin. L'univers lui-même, d'après les avis de nombreux scientifiques, connaitrait des limites. Mais aucune limite ne peut être aussi indéniable que celle que nous impose notre propre esprit. En effet, ce qu'on peut appeler esprit humain ou plus rationnelement son cerveau est très puissant. C'est lui qui va diriger le sens que prennent nos émotions, nos sentiments et notre manière de pensé. Un homme peut-il se déclaré libre si son cerveau lui inculque des peurs parfois irationnelles? En prenant l'exemple de la xénophobie, ou peur de l'étranger, l'esprit humain s'impose lui-même une limite psychologique quand aux gens dont la morphologie est différents de la sienne. Il s'agit donc bien là de prison pour l'esprit qui ne connais pourtant pas de limite physique. Mais même sans aller jusqu'à un exemple aussi extrême, le simple fait d'être récalcitrant à une idée/une idéologie est une limite que nous impose notre esprit.
    Au final, quelques soient les limites qui nous emprisonnent, qu'elles soient physiques, sociétales ou psychologiques, aucun de nous n'est réellement libre. La liberté est donc une notion abstraite et irréelle qu'on ne peut donc pas réellement définir par une chose aussi concrète qu'une prison.

    Pour ma part, je n'ai définitivement trouver qu'une seule façon de se sentir libre malgré les limites physique, et sociétale: éliminer les limites psychologiques. BE OPEN MINDED!!!

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  2. Anonyme6/12/12

    Je ne poserais qu'une question : Pourquoi fuyons-nous la liberté ? Pourquoi, face à l'immensité des possibles, nous enfermons-nous le plus souvent dans un routine ? Pour être rassurés ?

    Bon, d'accord, au final, ça fait trois questions ^^

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  3. Et bien en fait, je parlait de xénophobie dans le sens ou c'est une inhibition qui nous empêche de manière pourtant irraisonné d'apprécier la totalité des possibilités d'avenir qui nous sont offertes.
    Pour rebondir sur ton idée de création(à laquelle tu semble tenir^^), il est évident que la création qui est en soit la matérialisation d'une pensée doit reposer sur une base, un patron. Une œuvre artistique qui ne connais que les limites de l'imagination de son auteur entrera pourtant dans un cadre particulier définit par le vécu de ce dernier.

    Mais est-ce qu'on peut pour autant parler de prison si les "murs qui structurent la création" font office de soutient sans lequel la création n'a plus de sens ou n’aboutit plus?

    D'autre part, je pense que chaque être humain est différent mais que tous ou presque ont la tendance fâcheuse se s'imposer leurs limites.
    Certains s'enferment dans une routine afin de fuir la liberté et son panel de possibilités étourdissant, certains au contraire s'enferment dans une perpétuelle recherche de toujours plus de libertés.

    Mais la création reste pour moi le moyen le plus efficace de se sentir libre. L'horizon n'a toujours pas de réponse, mais on y apporte les siennes et notre éternel besoin d'exister s'en nourri.

    C'est cool, quoi.

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